Tambours battantes : visibiliser et raconter les femmes dans le trad

Mar 10, 2023

Musiciennes, luthières, collectrices, danseuses traditionnelles, ingénieures son ou encore directrices artistiques, voilà la diversité de métiers et arts que ces femmes du trad’ incarnent et visibilisent dans le projet Tambours battantes !, porté par la Fédération des acteur·trice·s des musiques et danses traditionnelles (FAMDT).

Après des rencontres professionnelles dédiées aux enjeux d’égalité dans les musiques traditionnelles menées dans le cadre du festival Eurofonik au Nouveau Pavillon (Bouguenais – 44), la FAMDT va plus loin et imagine un projet : Tambours battantes ! A travers 12 portraits de femmes immortalisées par la photographe Myriam Jegat, 6 vidéos produites par Tesslye Lopez et Isabelle Mandin (les films Hector Nestor) mais aussi un podcast signé Anaïs Vaillant, ethnologue et musicienne, les artistes ont eu carte blanche pour donner à voir les femmes qui, dans toute leur diversité, font le trad’ aujourd’hui. Rencontre avec Nathalie Dechandon, administratrice générale de la FAMDT et coordinatrice de ce projet. 

Entretien avec Nathalie Dechandon

4 regards de femmes, sur les femmes

Quelles sont les ambitions de Tambours battantes en trois mots ?

« Montrer : » : donner à voir ce que font ces femmes, musiciennes, luthière, ingénieure son pour que les petites ou jeunes filles puissent s’y identifier. Il s’agit ici d’avoir un effet miroir positif pour elles, de donner des modèles.

« Diversité : » : la série de portraits photographiques a pour objectif de montrer la diversité de ce que font et sont les femmes dans les musiques et danses traditionnelles.

« Se parler » : l’idée c’est, à travers ce projet, de se parler aussi, se raconter, échanger, débattre…

Ce n’est pas fait pour être beau – même si les photos sont belles – mais c’est fait pour susciter un débat, des émotions, des réactions

Qu’est-ce que vous retenez de ce projet ?

Tout d’abord, on s’aperçoit que ça parle à énormément de femmes et contribue aujourd’hui à une libération de la parole sur le sujet dans le milieu des musiques et danses trad. Ce projet a aussi créé des rencontres et des envies pour certaines de continuer à travailler sur le sujet de la place des femmes. Aujourd’hui, on a toutes envie de poursuivre sur un deuxième volet et de prolonger ces espaces de dialogues maintenant ouverts.

Justement, quelle est la suite pour Tambours Battantes ?

L’exposition, les vidéos ainsi que le podcast seront proposés à nos adhérents pour inciter à la discussion et faire émerger ces questions au sein des structures. L’objectif à moyen terme étant que tout soit à disposition de tou·te·s. Après, tout est à imaginer ! Bien sûr, on aimerait que ce projet circule dans les écoles parce que jusqu’ici je parle des petites filles mais ce serait bien que les petits garçons voient ça aussi.

La valeur de l’exemple, je trouve ça très important pour la construction mentale d’une enfant, qu’elle puisse se dire « ah ouais, on peut faire ça ?

Un coup de cœur sur les questions d’égalité qui vous inspirent en ce moment ?

Pour moi, c’est le travail que fait Sophie Broyer, programmatrice aux Nuits de Fourvière qui a donné une carte blanche à des programmatrices qui faisaient déjà ce métier et pourtant ne se sentent pas toujours légitimes. Je trouve la démarche très intéressante. C’est laisser la chance à des femmes et leur donner des opportunités pour passer un cap et se sentir légitimes à postuler ailleurs. 

Dans la danse traditionnelle, il y a aussi l’initiative des Brayauds, dans le cadre du festival Comboros qui vient questionner la répartition genrée des rôles. Avant, dans les bals, il y avait d’un côté les meneurs, qui étaient des hommes et de l’autre les menées, les femmes. Dans cette structure, ils ont travaillé à créer un système de bracelet de couleur indiquant si on est « mené·e », « meneur·euse » ou « les deux, on en discute ». Avec ce système, les codes commencent à changer et notamment avec la jeune génération qui déstructure tout le milieu, c’est super. 

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