Violences sexistes et sexuelles – Pourquoi agir dans le secteur professionnel des musiques ?

1 – Le sexisme dans le secteur des musiques

Le secteur des musiques n’est pas épargné par le sexisme et la culture du viol. Plusieurs enquêtes sur les violences sexistes et sexuelles ont été menées en Grande-Bretagne : « Le magazine Arts Professionnal révèle dans un sondage publié le 24 Novembre 2017 que parmi les enquêté·e·s, 48 % ont été victimes d’abus sexuel. C’est le cas de 51 % des enquêté·e·s dans le monde de la musique, 53 % dans le monde du théâtre et 29 % dans celui de la danse. Parmi les victimes, seules 2 % ont porté plainte, tandis que 39 % ont gardé le silence, n’en parlant ni à leurs proches, ni à leurs collègues. »

Source : Inégalités entre les femmes et les hommes dans les arts et la culture. Acte II : après 10 ans de constats, le temps de l’action. Rapport du haut conseil à l’égalité n°2018-01-22-TRA-031 voté le 22 janvier 2018

Malgré le peu de données chiffrées en France, le Haut Conseil à l’Egalité constate que le secteur des arts et la culture n’est pas préservé des inégalités femmes-hommes, ni des violences : « les faits de harcèlement et de violences sexistes et sexuelles sont fréquents, et s’ils ne sont (peut-être) pas plus importants qu’ailleurs, ils y sont particulièrement occultés et déniés. »

En effet, le harcèlement est banalisé par des pratiques professionnelles qui sont peu ou pas questionnées. Certaines spécificités du secteur culturel telles que les horaires tardifs, l’ambiance festive, la forte présence des rapports de séduction, la présence d’alcool et de drogues… viennent renforcer l’omniprésence des violences et tendent à les banaliser voire à les justifier : « mais non, il est gentil, c’est juste qu’il avait un peu trop bu » « C’est sa manière d’être, il est toujours dans la séduction mais c’est de l’humour, il a une femme et des enfants » …
L’importance de la réputation, la cooptation et les phénomènes de réseau expliquent que très peu de personnes victimes de violences portent plainte. Malgré la mise en visibilité dans l’espace public et médiatique de l’ampleur des violences, cette omerta se poursuit.

2. Les conséquences des violences sexistes et sexuelles sur les personnes

Comme on l’a vu, les violences peuvent prendre différentes formes : psychologiques, verbales, physiques, sociales, sexuelles, matérielles… Même quand elles ne provoquent pas de dommages physiques, ces violences ont des incidences fortes et peuvent conduire à l’apparition de risques psychosociaux importants qui se manifestent dans tous les espaces de vie (professionnel, amical, familial, activités et loisirs, déplacements et rapport à l’espace public..)

Ces violences peuvent avoir des conséquences à plusieurs niveaux selon les personnes, l’intensité des violences, leurs natures et leur fréquence :

• Physiques: traumatismes physiques, fatigue, douleurs, troubles du sommeil, troubles de l’appétit et de la digestion, dysfonctionnements hormonaux, etc.

• Psychologiques : stress, anxiété, hypervigilance, perte d’estime de soi, repli sur soi, isolement, dépression, idées suicidaires, sentiments d’impuissance, d’insécurité, de honte, de culpabilité, de dévalorisation, perte d’autonomie, épuisement, etc.

• Sexuelles: pathologies gynécologiques, grossesses non désirées, maladies sexuellement transmissibles, etc.

• Comportementales : consommation de substances (tabac, alcool, médicaments), stratégies d’évitement de certains lieux, objets, personnes, activités..

• Sociales et professionnelles: isolement, sentiment de moindre performance, dévalorisation de ses compétences, absentéisme, diminution de la qualité du travail, refus d’augmentation… Ces conséquences peuvent bloquer l’évolution professionnelle de la personne et conduire parfois jusqu’à la perte d’emploi.

• Economiques causées par le chômage forcé, les frais médicaux non remboursés, les dépenses en frais juridiques, etc.

Source : Le harcèlement sexuel au travail – FPS 2016

Pour aller plus loin

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