#Etsionosait ! – Quand la Luciole nous invite à sortir des stéréotypes sur les métiers des musiques actuelles !
Direction Alençon où la scène de musiques actuelles, La Luciole, nous propose cette année de faire bouger nos représentations sur un milieu encore très masculin, que ce soit sur scène, mais également au-delà… à de nombreux endroits de travail moins visibles qui font aussi ces projets au quotidien !
C’est au début des années 1990, en 1991 exactement, que l’association Eurêka voit le jour avec comme ambition de pallier le manque de locaux de répétition et de lieux de diffusion sur Alençon et sa région. S’ensuit une période d’échanges et de négociations avec la municipalité qui aboutit, en septembre 1994, à l’ouverture du café-musiques La Luciole ! Chemin faisant, en 2008, c’est une nouvelle Luciole qui voit le jour, agrandie, dotée d’un studio de répétition, d’un pôle de ressources, de missions qui s’étoffent avec l’arrivée de l’action culturelle par exemple : un 2ᵉ souffle pour ce projet qui rayonne un peu plus chaque année sur le territoire ornais. En 2020, Loïc Lecomte, directeur-programmateur-fondateur du projet, part en retraite. C’est Céline Ferry, qui prendra la relève et sera nommée directrice du projet ; elle y inscrit les enjeux d’égalité de genres comme l’un des piliers centraux et transversaux au projet de la structure, suivie par une équipe bien décidée à en découdre avec les stéréotypes et autres inégalités de genres !
Travailler dans les musiques actuelles et toi, tu y as pensé ? C’est avec cette interpellation directe que La Luciole invite chacun·e à questionner ces représentations et met en lumière des métiers de l’ombre, méconnus dont on parle rarement et par conséquent, dans lesquels il peut être difficile de se projeter. Pour répondre à cet enjeu, La Luciole organise des rencontres en mixité, car elles peuvent intéresser tout le monde, au-delà des questions de genre. La particularité, cependant, réside dans le fait que ces métiers seront tous présentés par des femmes, professionnelles de la musique, qui témoigneront de leur parcours ainsi que leur cursus de formation.
Ainsi, sur l’année 2023, cinq rencontres ouvertes au grand public mettront en valeur cinq familles de métiers à travers 10 professionnelles qui partageront leurs réalités professionnelles, leurs cursus de formation, les freins qu’elles ont rencontrés ou rencontrent encore, etc. Pour cette première, les cinq familles métiers choisies sont la technique, la programmation, l’action culturelle, la communication et l’accompagnement des pratiques et projets artistiques. Ces rencontres donneront lieu à une captation vidéo en vue de partager plus largement ces échanges inspirants !
C’est avec Anne Bellenger, responsable de la communication et Damien Ybert responsable de l’accompagnement à la Luciole que nous avons partagé plus amplement les différentes facettes de ce projet pour l’égalité professionnelle, pensé en circuit court !
Entretien avec Anne Bellenger et Damien Ybert
Quelles utopies portent ce projet ?
Anne Bellenger (AB) : Deux principales utopies sont pour nous au cœur de ce projet. La première, c’est de montrer que nos métiers sont attractifs, de remettre du rêve autour des métiers de la culture, de l’envie et de la projection. C’est aussi comme ça que nous avons pensé la communication de ce projet et son nom !
Damien Ybert (DY) : La deuxième utopie, c’est de défendre et promouvoir l’égal accès aux différents métiers des musiques actuelles, de sensibiliser aux enjeux d’une parité professionnelle dans les musiques actuelles, même si les derniers chiffres montrent qu’on en est encore loin.
AB : Effectivement, il s’agit pour nous de lever les freins liés aux biais de genres, permettre une projection de chacun·e, mais surtout des femmes dans les différents métiers des musiques actuelles. C’est aussi pourquoi nous avons exclusivement donné la parole aux femmes qui exercent ces métiers.
Remettre du rêve autour des métiers de la culture, de l’envie, de la projection !
Quelles sont les forces vives de ce projet ?
AB : C’est un projet qui a été coconstruit par Céline Ferry, directrice de La Luciole et Damien, que j’ai très rapidement rejoint sur l’aspect identité visuelle et communication. Puis l’ensemble de l’équipe a été associée, notamment à la présentation et l’animation des 5 rencontres selon les entrées métiers propres à chacun et chacune de nos collègues.
DY : Il y a eu ensuite la recherche d’intervenantes qui travaillent au sein de structures qui sont dans un rayon géographique compris entre 100 et 300 km autour de La Luciole : Le Tetris au Havre, le 6par4 à Laval, le Cargö à Caen, Superforma au Mans, le Conseil Départemental de l’Orne, le Normandy à Saint-Lô, le festival Papillons de Nuit à Saint-Laurent-de-Cuves ou, pour la plus éloignée, Bonjour Minuit ! à Saint-Brieuc. Ça renforce également notre interconnaissance et notre réseau de partenaires de proximité sur les musiques actuelles.
AB : Il y a aussi Anaïs Blanc-Bonnet, graphiste indépendante installée à Caen, avec laquelle nous avons l’habitude de travailler à la Luciole qui a été enthousiasmée par les valeurs du projet, ainsi que Florent Catteau de 2M productions, agence de production audiovisuelle d’Alençon, avec qui nous travaillons aussi régulièrement et qui réalise les capsules vidéo des différentes rencontres métiers.
En termes de communication, nous avons à la fois essayé d’incarner pour chaque rencontre une femme dans l’exercice de son métier en évitant au maximum les représentations trop genrées afin que chacun·e puisse s’y projeter. C’est aussi pourquoi ces personnes sont représentées de dos pour inviter à plonger dans la vie du personnage.
Aussi, ce projet a vu le jour grâce au soutien financier du Centre national de la musique. Nous l’en remercions.
Notre envie est de mettre en lumière les métiers de l’ombre, permettre de s’y projeter
Qu’est-ce qui vous enthousiasme particulièrement sur ce projet ?
AB : Pour moi, c’est déjà chouette d’avoir construit ce projet pour valoriser les parcours professionnels de personnes avec lesquelles nous sommes en interaction quasiment au quotidien en fait, même si on ne se croise pas très régulièrement, mais nous entretenons des liens de collaborations serrés. C’est important de pouvoir mettre en lumière ces métiers cachés !
DY : J’ai animé la première rencontre sur les métiers techniques, je suis régisseur de formation, et sur l’entrée technique, comme sur celle de l’accompagnement, il peut y avoir des parcours très différents, des expériences qui “amènent à”, mais pas forcément une seule voie tracée pour accéder à ces fonctions. C’est intéressant de partager cela, de valoriser et mieux faire connaître nos métiers pour aussi faire tomber les fantasmes et les idées reçues sur ces métiers. Sur la première rencontre, une soixantaine de personnes étaient présentes, beaucoup de jeunes, d’élèves du conservatoire, des lycéen·ne·s, des parents accompagnés de leurs adolescent·es… et nous ont témoigné, à la fin, l’intérêt de ce temps d’échanges. Les deux techniciennes invitées, Marie Ménage, régisseuse générale du Tetris au Havre et du Ouest Park Festival et Océane Blanville, technicienne lumière et vidéo, ont des profils différents en termes d’âge, de formation, de freins rencontrés dans leur parcours professionnels et c’est cette diversité d’expériences qui est enrichissante. Nous avions préparé pour la fin de la rencontre, des informations sur les principales formations aux métiers techniques qui ont été appréciées par les participant·es. La réalité concrète et quotidienne questionne et intéresse beaucoup !
AB : Ce qui m’a également enthousiasmé dans ce projet, c’est le fait de devoir moi-même sortir de mes habitudes de travail, communiquer sur quelque chose de complètement différent de notre saison culturelle, des concerts. La création de cette campagne a été très stimulante, proposer ce parti pris pour l’égalité professionnelle, sensibiliser et mobiliser les personnes à venir assister aux rencontres, à se questionner, à oser suivre leur envie sont pour moi des enjeux très excitants à travailler.
Quelles figures féminines ou de personnes minorisées par leur genre vous inspire ce projet ?
DY : Pour moi, ce serait Lola Frichet. Nous l’avons accueillie l’an dernier à la fois pour un concert de Pogo Car Crash Control et aussi pour une masterclass de basse qui a été super passionnante. Son initiative #Morewomenonstage qui connaît d’autres déclinaisons, #Morewomenbackstage, fait écho en termes de force inspirante à ce qu’on souhaite partager avec #Etsionosait.
AB : Pour moi, ce projet me fait penser à Antonia Brico, première femme à être reconnue internationalement comme cheffe d’orchestre au début du 20ᵉ siècle. Elle a vécu entre l’Europe et les États-Unis. Elle a même dirigé le Philharmonique de Berlin dans les années 1930. Mais elle a terminé sa carrière dans l’oubli le plus total. Ce qui fait écho à Travailler dans les musiques actuelles et toi, tu y as pensé ? dans le parcours de cette femme, c’est ce qu’elle a su oser se faire une place et un nom dans un métier où encore aujourd’hui seulement 5% des cheffes d’orchestre sont des femmes dans le monde. Elle montre qu’aucun métier n’est exclusivement fait pour les hommes ou pour les femmes !
En savoir plus sur le projet #Travailler dans les musiques actuelles et toi, tu y as pensé?
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