Le Supergroupe : Grrrl camp ! à Bonjour Minuit (Saint-Brieuc)

Mai 25, 2022

Hélène Dubois est avant tout bretonne et heureuse de travailler dans cette région. Elle est directrice de la programmation de Bonjour Minuit, la scène de musiques actuelles de Saint-Brieuc dans les Côtes-d’Armor, mais aussi, et entre autres, mentore impliquée dans la seconde édition de Wah !

Avant cette vie professionnelle actuelle, elle a aussi été chargée de production pour des structures culturelles, des festivals mais également développeuse de parcours d’artistes… bref la musique c’est son univers, sa motivation à travailler dans le milieu du spectacle qui la tient depuis toute petite et qui constitue aujourd’hui sa bien belle réalité !

C’est avec Hélène que nous avons échangé sur le projet Supergroupe : Grrrl Camp et colo musicale en non-mixité qui a vu le jour dans les studios et sur la scène de Bonjour Minuit depuis mai dernier.

De MJC à Scène de Musiques Actuelles, de Point du Jour à La Citrouille et enfin Bonjour Minuit, l’histoire de ce lieu de pratiques musical est déjà riche de plus de 30 ans de découvertes, de rencontres, d’expérimentations musicales actuelles et amplifiées ! 

Situé sur les hauteurs de la ville briochine, Bonjour Minuit accueille et accompagne toutes les pratiques musicales, celles des loisirs, celles de professionnel·le·s, celles de ceux qui découvrent… Et depuis mai 2022, c’est un nouveau projet qui grandit entre leurs murs, celui du Supergroupe : Grrrl Camp, colo musicale en non-mixité. Dispositif d’accompagnement vers la professionnalisation, pour les musiciennes des Côtes-d’Armor, ce Grrr Camp vise à créer des temps de pratique musicale et d’échange ainsi qu’à favoriser la transmission par les pairs et inviter à la créativité et l’expression des musiciennes costarmoricaines.

Entretien avec Hélène Dubois

C’est de notre responsabilité de SMAC, d’agir pour l’égalité entre les genres dans les musiques actuelles !

Nous avons tout d’abord demandé à Hélène Dubois, comment était né le projet Supergroupe : GRRRL camp, de quelle(s) utopie(s) ? 

Hélène Dubois (HD) : L’idée du Supergroupe part d’un constat assez simple et malheureusement fort commun, celui des chiffres ! Quand on a fait notre assemblée générale en 2021, les données recueillies sur la présence des musiciennes dans les studios de répétition et sur scène ont été assez cinglantes ! Et même si elles progressent régulièrement cela reste en très faible proportion !

À partir de là, nous nous sommes dit qu’il fallait trouver une solution pour (re)donner envie aux musiciennes de (re)venir jouer à Bonjour Minuit ou en tous cas, ouvrir notre communication et nos actions pour faciliter ce retour.

Et puis il y a Wah ! – mentorat qui résonne beaucoup dans ce projet-là. Toutes les questions qu’on se pose, les échanges qui nous animent au sein de ce dispositif ont accéléré la réflexion. De plus, c’est aussi de notre responsabilité de SMAC d’agir en ce sens. Nous pouvons aller chercher des moyens pour monter ce type de projets, nous avons des infrastructures dédiées, des équipes permanentes, cela nous paraissait évident qu’il fallait être en proposition autour des enjeux d’égalité de genres dans les pratiques musicales !

Nous avons tout d’abord observé ce qui avait été imaginé à File7 ou à Trempo en 2021 en termes d’action en faveur des pratiques musicales des musiciennes et le Girls Camp nous a semblé être une idée assez chouette et un format pertinent pour travailler ces questions.

Ensuite, nous avons décidé de cibler le territoire des Côtes-d’Armor pour être dans cette logique territoriale d’action par rapport au rayonnement de Bonjour Minuit.

Aussi, plutôt qu’une utopie, on a souhaité tendre davantage vers quelque chose de réalisable qui nous montre que oui, c’est possible de retrouver des musiciennes dans nos studios de répétition !

Comment avez-vous construit le Girls Camp et avec qui ? 

HD : Nous avons commencé en équipe avec le directeur de Bonjour Minuit, le responsable de l’accompagnement artistique et moi, à la programmation. De suite, notre choix a été de solliciter des musiciennes professionnelles pour accompagner artistiquement les musiciennes impliquées dans ce projet. Nous sommes assez vite tombé·e·s d’accord sur le fait de proposer à Marie Herbault, bassiste et chanteuse qui joue dans un groupe du territoire, SBRBS, – prononcez Suburbs – et qui vient de l’histoire punk-rock qui marque fortement Saint-Brieuc. Néanmoins, nous voulions également insuffler dans ce projet de l’ouverture vers d’autres familles artistiques, nous avons donc contacté la rennaise Maclarnaque qui est plutôt dans des esthétiques funk, soul, rap, elle est aussi beat makeuse. Ce duo nous permettait d’élargir le spectre des familles musicales pour inviter plus largement des musiciennes costarmoricaines à participer au projet.

La première étape a été de provoquer la rencontre entre Marie Herbault et Maclarnaque qui ne se connaissaient pas du tout et dont les personnalités sont radicalement différentes. Mac est plutôt très posée, dans la réflexion, dans l’observation tandis que Marie est davantage dans l’énergie, la spontanéité. Après une première visio de présentation générale et de rencontre, elles ont pleinement adhéré aux enjeux du projet et leurs personnalités qui semblaient opposées, s’équilibrent in fine idéalement !

Ces deux musiciennes ont été impliquées dès la construction du projet, l’appel à candidatures… Elles sont vraiment motrices sur le volet artistique du projet.

Ensuite, nous avons proposé à Yelle, autre musicienne professionnelle du territoire, d’être marraine du Grrrl Camp, pour partager son regard global sur le projet et rencontrer les musiciennes sur « la semaine de colo-musicale ».

En termes de réalisation, le projet a été soutenu par le Centre National de la Musique soutien indispensable à la mise en œuvre de ce type de projet même pour une scène de musiques actuelles !  Il y a eu des liens évidents avec HF Bretagne en termes de ressources dès le montage du projet et de relais de communication autour du dispositif. Supermab, l’espace de coopération en Bretagne a également été impliqué en termes de relai d’information et la FEDELIMA nous a partagé différentes ressources et conseils.

L’appel à candidatures a été envoyé début avril, bien évidemment via les sites et réseaux sociaux, mais il a aussi été transmis à toutes les écoles de musiques et conservatoires des Côtes-d’Armor, aux adhérent·e·s de Bonjour Minuit, aux musiciennes des studios, mais aussi à d’autres structures bretonnes très impliquées sur les enjeux d’égalité dans la culture comme la Carène et Astropolis à Brest par exemple.

Finalement, nous avons reçu une trentaine de candidatures de musiciennes de 16 à 60 ans avec des profils vraiment différents. Nous étions ravi·e·s de ces retours ! Nous avions fait le choix de ne pas mettre trop de critères de sélection sur le niveau de pratique instrumentale pour rester en ouverture maximum. Nous avons davantage pris en compte les motivations des personnes et aussi leurs disponibilités à s’inscrire dans un projet sur 3 mois avec des rendez-vous réguliers.

7 musiciennes ont été sélectionnées, mais la trentaine de musiciennes du département qui ont répondu sont désormais identifiées et on restera en contact !

Sur la trentaine de musiciennes qui ont répondu à l’appel à participation au Girls Camp, on en connaissait deux ! En cela, ce projet est déjà une formidable découverte et rencontre avec d’autres musiciennes jusque-là non visibles 

La première rencontre a été assez émouvante. Aucune musicienne ne se connaissait, mais toutes étaient là avec la même envie de jouer de la musique dans un contexte où elles allaient pouvoir s’exprimer librement, se lâcher, se sentir à l’aise.

Un truc assez magique s’est passé entre ces huit musiciennes âgées de 16 à 56 ans dès la première rencontre, elles ont écouté de la musique, partagé leur tube fétiche, chanté et joué de la musique ensemble, assez librement et facilement, soutenues par Maclarnaque et Marie Herbault. Depuis, il y a eu 3 temps de répétitions : l’idée est qu’elles créent ensemble 30 minutes de compositions qui seront jouées en public. Elles se sont même vues hors des temps fixés à Bonjour Minuit, pour faire aussi retomber la pression ! Mais il y a une vraie envie de jouer ensemble.

Et puis fin juin, c’est la colo musicale une semaine d’ateliers dédiés à la professionnalisation et à la sororité ! Une semaine passée toutes ensemble en gîte, mais aussi à Bonjour Minuit qui commence par une rencontre avec Yelle, et puis plusieurs répétitions accompagnées par Léa Bulle sur le plateau de Bonjour Minuit, mais aussi une rencontre avec H F Bretagne sur la place des femmes dans la musique, un atelier de sérigraphie, de découverte de la filière artistique et culturelle de la musique animée par Trempo, de l’initiation à la MAO avec Beats by Girlz, du yoga sur la plage pour préparer le concert final, etc. Et pour clôturer cette semaine de colo musicale un concert final en ouverture du micro festival Re.Bonjour.

Quelles figures féminines vous inspirent pour ce projet ? 

HD : Les riot grrrl car il y a un truc historique entre Saint-Brieuc et le rock, le punk-rock. Et quand nous avons imaginé ce projet, je lisais beaucoup sur cette thématique-là et je venais de finir le livre de Vivien Goldman, la revanche des She punks, et c’est aussi tout cet état d’esprit qu’on a voulu insuffler dans ce projet !

En savoir plus sur le Supergroupe : Grrrl camp !

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