What About Her ? – Apolline Jousseaume
Nous sommes allées à la rencontre d’Apolline Jousseaume. Âgée de 25 ans, elle est chargée depuis plus de 5 ans de l’accompagnement et des studios de répétition au Novomax à Quimper.
Le Novomax est géré par l’association Les Polarité[s] fondée en 2003 par la Maison pour Tous d’Ergué Armel et un collectif de musiciens, musiciennes et d’acteurs associatifs locaux. Cette salle, dotée de 7 studios de répétition, propose de nombreux accompagnements aux musicien·ne·s du territoire. Situé aux abords de la rivière Odet et du Théâtre Max-Jacob, dans un parc paysager, le Novomax comprend cinq studios de répétition, trois salles de cours, une régie d’enregistrement, une salle destinée à l’accueil de résidence et une salle de concert modulable pouvant accueillir entre 100 et 280 spectateurs.
Entretien avec Apolline Jousseaume
Pourquoi avoir choisi ce métier ?
“Pour être très honnête, moi je voulais travailler dans le son, mais les places sont chères, qu’on soit homme ou femme… mais peut-être un peu plus quand on est une femme, même si moi, j’ai été très bien accueillie. Quand j’ai découvert les Polarité[s], j’ai d’abord aimé faire la régie pour les concerts, de façon générale, je préfère la régie son, donc l’accompagnement et la répétition ce n’est pas ce vers quoi je me serais orientée spontanément”.
Quel parcours pour arriver à ce métier ?
Apolline a fait toute une série de stages aux Polarité[s], l’association qui gère le Novomax depuis sa 4ᵉ. “J’ai fait mes deux premiers stages alors que le Novomax n’existait pas, puis un troisième avec le projet du Novomax, j’avais toujours quelque chose à découvrir”. Elle se forme à Saint-Brieuc en faisant un Brevet de technicien des métiers de la musique (BTMM) pendant lequel elle retourne au Novomax. En 2015, elle travaille sur la Fête de la musique, place Saint-Corentin et découvre la régie concert, métier qui continuera de la passionner 6 ans plus tard. Elle complètera sa formation par une formation complémentaire d’initiative locale (FCIL) en son et lumière en 2017. C’est finalement après un service civique au Novomax qu’elle intègre l’équipe en tant que salariée.
Lors d’un de ses stages, elle nous parle de sa rencontre avec une autre technicienne stagiaire, alors plus âgée qu’elle et qui est devenue une référence pour elle. “Elle était beaucoup plus âgée que moi et aussi en stage, elle faisait de la lumière et m’a vachement booster. Si elle pouvait y aller, pourquoi pas moi”. Elle en est convaincue, si elle n’avait pas rencontré cette femme, mais aussi son maître de stage à l’époque et l’équipe du Novomax, elle ne ferait pas ce métier aujourd’hui. À travers cet exemple, Apolline nous parle de l’importance de se sentir représentée, notamment dans les métiers techniques, pour pouvoir s’y projeter. Elle nous parle de son réseau, un “petit” réseau selon elle, mais qui lui a permis, grâce à sa motivation et sa détermination, de se faire une place dans les projets successifs des Polarité[s]. Elle n’oublie pas de mentionner l’accueil chaleureux de l’équipe et de cette passion pour le son, qu’elle a découvert auprès de ses collègues : “il y a une grosse passion qui s’est transmise entre les techniciens et moi. J’ai été très bien accueillie, c’est un peu une petite famille ici”.
Quelle est la réalité de ce métier ?
Apolline a de multiples casquettes. Lorsqu’elle est en studio de répétition, elle installe et accompagne les groupes dans leurs pratiques. Sur la partie concert (sa préférée), elle fait la régie générale et la régie plateau. Enfin, il lui arrive de travailler en studio d’enregistrement, où elle installe le groupe et effectue parfois la prise son et le mixage. À la question “qu’aimes-tu le plus dans ton métier ?”, la réponse est toute trouvée : la régie concert. Quant à ce qu’elle aime le moins… elle hésite. Scanner des passes sanitaires ? Avec un peu d’ironie, on imagine combien les métiers ont évolué avec la crise sanitaire… Mais finalement, c’est plutôt devoir sortir de son rôle d’accompagnement : “devoir éduquer certains zikos en répétition parce qu’ils ne rangent pas derrière eux, ce genre de chose, faire le flic en fait, je n’aime pas”.
Un conseil à donner sur ce métier ?
“On m’a toujours conseillé d’y aller, de ne pas avoir peur, de ne pas se poser de questions, d’avoir confiance en soi. Les places sont chères dans ce milieu, il faut se démarquer”.
Apolline nous livre une anecdote récemment vécue : “il y a une famille à qui j’ai fait visiter le Novomax, c’était une mère qui voulait que ses enfants voit le Novomax, qu’ils se rendent compte qu’il y avait des studios de répétition à disposition, que s’ils avaient envie de chanter, ils pouvaient le faire. Une des jeunes filles est venue me demander : “si je viens chanter, est-ce qu’on va m’entendre ?”, je lui ai dit que non, qu’il ne fallait pas qu’elle s’inquiète. Qu’ici, les musiciens et musiciennes font leur vie de leur côté, qu’ils ne font pas attention aux autres et que s’ils le font, c’est pour s’y intéresser de manière positive. Ils ne sont pas là pour la juger ou la critiquer. J’ai essayé de la rassurer, mais ça n’a pas suffi, a priori, elle n’est pas revenue… ”
Apolline nous parle du manque de confiance en soi et de la peur du jugement des autres, qu’elle a elle-même expérimenté dans son parcours de musicienne. Claviériste et chanteuse dans un groupe, elle constate autour d’elle la faible présence de femmes dans les studios de répétition, surtout en tant qu’instrumentistes. Leur présence est davantage remarquée dans les ateliers dispensés au Novomax ou parfois dans le cadre de groupes de femmes. Cet échange donne l’occasion, encore une fois, de se questionner sur la quasi-absence des femmes dans les studios de répétition de musiques actuelles.
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